Samedi 01 novembre 2025
Il est dans l'air du temps de transformer toute activité en loisir et en spectacle.
Ce ne peut être le cas de la Franc-maçonnerie !
Ce n'est pas cela qui est inscrit dans nos gènes de Constructeurs de Temple !
Car nous, Francs-maçons, nous avons un Temple à construire, fait de pierre humaine qu'il faut aller arracher dans les carrières du monde profane afin que ces pierres brutes deviennent cubiques et s'inscrivent, en ordre et harmonie, au sein de notre construction du Temple du Grand Architecte de l'Univers.
*
Il y a près de dix milliards d'êtres humains sur Terre, aujourd'hui. Qui d'entre eux est capable et susceptible de devenir Franc-maçon l'an prochain ?
Comment être constamment aux aguets et repérer un candidat potentiel ?
Se fier à son intuition et à son instinct, certes.
Eprouver de la sympathie et de la confiance, aussi.
Se sentir confortable de dévoiler sa propre appartenance à celui-ci plus qu'à celui-là, bien sûr.
Mais surtout observer les comportements et écouter les discours. Qui cherchons-nous ? Des humains qui veulent construire !
Le cœur de notre vocation est celle-là : "rassembler ce qui est épars et construire le Temple" !
Celui que nous cherchons, œuvre à unir plutôt qu'à séparer, à construire plutôt qu'à détruire, à être positif et plutôt qu'à être négatif, à concilier plutôt qu'à opposer ... et tout cela, sans une naïveté de benêt qui croirait que "tout va pour le mieux dans le meilleur des monde" et que "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil". Lucidité, positivité et dépassement.
Et surtout, nous cherchons ceux qui cherchent ...
Qui cherchent à accomplir leur existence au service de l'épanouissement de la Vie et de l'Esprit.
Qui cherchent à répondre, sérieusement et profondément, aux graves questions que posent l'existence à tout esprit en éveil : la vie, la mort, l'amour, la misère, la justice, la famille, la Nature, la connaissance et les ignorances, etc.
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Que dire de la Franc-Maçonnerie ?
Administrativement, la Grande Loge Régulière de Belgique exige, pour la réception d'une nouveau Franc-maçon, que celui-ci admette sans réserve et pratique sans laxisme les douze règles suivantes :
- La Franc-Maçonnerie est une Fraternité initiatique qui a pour fondement traditionnel la foi en Dieu, Grand Architecte de l’Univers.
- La Franc-Maçonnerie se réfère aux « Anciens Devoirs» et aux « Landmarks » de la fraternité, notamment quant à l’absolu respect des traditions spécifiques de l’Ordre, essentielles à la Régularité de la juridiction.
- La Franc-Maçonnerie est un Ordre auquel ne peuvent appartenir que des hommes libres, indépendants et respectables qui s’engagent à mettre en pratique un idéal de paix, d’amour et de fraternité.
- La Franc-Maçonnerie vise ainsi, par le perfectionnement moral de ses membres, à celui de l’humanité toute entière.
- La Franc-Maçonnerie impose à tous ses membres la pratique exacte et scrupuleuse des rituels et du symbolisme, moyens d’accès à la connaissance par les voies spirituelles et initiatiques qui lui sont propres.
- La Franc-Maçonnerie impose à tous ses membres le respect des opinions et croyances de quiconque. Elle leur interdit, en son sein, toute discussion ou controverse politique ou religieuse. Elle est ainsi un centre permanent d’union fraternelle où règne une compréhension tolérante et une fructueuse harmonie entre des hommes qui, sans elle, seraient restés étrangers les uns aux autres.
- Les Francs-Maçons prennent leurs obligations sur le Volume de la Loi Sacrée afin de donner au serment prêté sur lui le caractère solennel et sacré indispensable à sa pérennité.
- Les Francs-Maçons s’assemblent en Loge, hors du monde profane, pour y travailler selon le rite, avec zèle et assiduité, et conformément aux principes et règles prescrits par la Constitution et les Règlements généraux de l’Obédience.
- Les Francs-Maçons ne doivent admettre dans leurs loges que des hommes majeurs, de réputation parfaite, gens d’honneur, loyaux et discrets, dignes en tous points d’être leurs frères et aptes à reconnaître les bornes du domaine de l’homme et l’infinie puissance de l’Éternel.
- Les Francs-Maçons cultivent dans leurs Loges l’amour de la patrie, la soumission aux lois et le respect des autorités constituées. Ils considèrent le travail comme le devoir primordial de l’être humain et l’honorent sous toutes ses formes.
- Les Francs-Maçons contribuent, par l’exemple actif de leur comportement sage, viril et digne, au rayonnement de l’Ordre dans le respect du Secret maçonnique.
- Les Francs-Maçons se doivent mutuellement, dans l’honneur, aide et protection fraternelles, même au péril de leur vie. Ils pratiquent l’art de conserver, en toute circonstance, le calme et l’équilibre indispensables à une parfaite maîtrise de soi.
A titre informatif et même formatif, notre Frère G.P, alias Jules Mérias, a bien repris les "vertus et devoirs des Francs-maçons" tels que le Frère Roberts les a listés en 1722 ... En voici le résumé ...
Les huit vertus maçonniques traditionnelles selon les "Anciens Devoirs" :
- Loyauté
- Piété
- Fraternité
- Véridicité
- Virtuosité
- Légitimité
- Equité
- Ritualité
Et selon ces mêmes "Anciens Devoirs", les 26 Devoirs du Franc-maçon :
- Honorer Dieu
- Loyauté envers le pays
- Equité envers les Frères
- Respect des secrets du Métier
- Excellence du travail fait
- Courtoisie envers les Frères
- Respect des dames proches d'un Frère
- Respect des dames hospitalières
- Paiement de ce qui est dû pour le boire et le manger
- Ne pas dépasser les limites de ses compétences
- Tarifs de travail équitables envers le commanditaire
- Tarifs de travail équitables envers les Compagnons
- Protéger l'emploi des Frères
- Apprentissage d'au moins sept ans
- Acceptation d'un Compagnon avec l'accord d'au moins six autres Frères
- Rémunération de chacun au seul mérite du travail fait
- Pas de calomnie à propos d'un Frère
- Dialogue pacifique et constructif avec les autres Frères
- Respect et convivialité entre les Frères
- Interdiction de tous les jeux
- Interdiction de fréquenter les "maisons closes"
- Interdiction de l'enivrement
- Obligation s'assister à la Tenue annuelle
- Usage exclusif d'outils aux normes du Métier.
- Respect de l'étranger qui travaille sur le chantier.
- Assiduité et implication pour les travaux du chantier.
Et les dix obligations de l'Apprenti :
- Fidélité à Dieu, à a communauté, au Roi, au Maître et à sa Dame.
- Interdiction de tout vol.
- Interdiction de l'adultère.
- Respecter les secrets du Métier.
- Courtoisie interne.
- Respect des Frères et interdiction des jeux.
- Interdiction des débits de boissons.
- Interdiction de coucherie chez un hôte ou employeur.
- Interdiction du mariage pour les Apprentis.
- Interdiction de tout vol.
Les sept conditions pour devenir Franc-Maçon :
- Être accepté dans une Loge dûment constituée.
- Être sain, loyal et sérieux de Corps, d'Esprit et d'Âme.
- N'être accueilli par une Loge, en tant que Frère dûment reconnu pour tel.
- Pouvoir attester clairement et indubitablement comme Frère pour visiter une Loge et s'y faire inscrire au registre des présents.
- L'ensemble des Loges est dirigée par un Maître et tient une Tenue annuelle d'obligation.
- N'être accepté par une Loge qu'âgé d'au moins 21 ans.
- Prêter le Serment solennel de tenue stricte des Secrets du Métier.
Mais il est clair que "si l'esprit demeure", ces "devoirs et vertus" exprimés dans la langue et l'esprit des "Constitutions de Roberts" nous parlent étrangement du haut de leurs trois siècles d'ancienneté.
En termes plus adéquat en ce début de 21ème siècle et, surtout, en ce début d'une nouvelle ère civilisationnelle (eudémoniste) et d'une nouveau paradigme (noétique), il convient, sans doute de reformuler les treize mots-clés que le candidat franc-maçon doit bien avoir en tête et forment les treize supports de la Foi (il ne s'agit pas de croyances) qui sont les outils et enclumes qui forgeront sa vie initiatique ...
1- Dieu.
Ce que j'appelle "Dieu" est tout à l'opposé du Dieu personnel des théismes, en général, et des monothéismes, en particulier. Peut-être eût-il mieux valu parler du Divin, en lorgnant vers le Brahman de l'Inde ou le Tao de la Chine. Certes. Mais le mot "Dieu" permet une intimité familière que l'abstraction de "Divin" permet moins. Quoiqu'il en soit, mon Dieu est le Grand Architecte de l'Univers. Non pas le Créateur, mais l'Architecte. Le Créateur crée du dehors, une fois pour toute, dans une lointaine officine déconnectée du Réel. L'Architecte, lui, vit le Chantier de l'intérieur, en permanence, en immanence ; sa Présence est constante et bienveillante, non pour tout diriger, mais pour tout coordonner, pour faire d'un "tas", un "tout", pour que chaque contribution partielle, même modeste, prenne sa plus belle place dans la totalité qui s'érige.
2- Ordre.
La notion d'Ordre est cruciale. Elle fait toute la différence entre un "tas" et un "tout". Un tas de matériaux faisant un tas en vrac ne deviendra un Temple, un Tout bien agencé, qu'en y mettant "de l'Ordre". Construire, c'est mettre en Ordre. Un rite maçonnique, comme le R.:E.:A.:A.:, est un Ordre qui met de l'ordre dans un ensemble de grades, de rituels, d'inspirations, d'enseignements. Une molécule met en ordre des atomes. Une cellule vivante met en ordre des molécules, un organisme met en ordre des cellules. Une communauté met en ordre des organismes. Le Cosmos, en son sens grec, symbolise l'Ordre universel, l'Ordre qui fait que le Réel n'est pas un chaos. Et l'Ordre est source d'Harmonie. Et il, existe plusieurs sortes d'Ordre que les physiciens ont appris à discerner : l'Ordre entropique de l'uniformité, l'Ordre mécanique des assemblages et l'Ordre organique des émergences complexes. Le Réel, pris comme un Tout, est un Ordre qui se réalise, une complexification en marche qui, au fil du temps, ose inventer des Ordre de plus en plus complexe : le Désir, puis l'Activité, puis la Matière, puis la Vie, puis l'Esprit.
3- Régularité.
Est régulier ce qui suit la Règle. Et la Règle est le principe fondateur de l'Ordre, donc de l'Harmonie. Une Règle doit être intangible si elle veut être intemporelle. Cette idée centrale fonde la Régularité maçonnique. Il n'y a plus d'Ordre maçonnique dès lors que l'on change les règles car les règles ne sont pas la Règle. On confond, alors, ces règles avec des règlements, avec des ordonnances, avec des décrets. Ce n'est pas de cela qu'il s'agit. La Règle est ce qui garantit l'intégrité du Temple qui se construit depuis des siècles et qui continuera de se construire dans les siècles des siècles. Elle garantit la continuité du Chantier entrepris il y a plus de mille ans. Il ne s'agit pas, pour les Francs-maçons authentiques de construire une banlieue pavillonnaire avec autant de chapelles plus ou moins cocasses qu'il existe de bricoleurs plus ou moins inspirés (il existe, aujourd'hui, en France, deux cents vingt organisations qui se disent maçonniques face à la seule obédience maçonnique régulière et reconnue par 90% des Francs-maçons du monde, à savoir la Grande Loge Nationale Française) ; il s'agit, tout au contraire, de construire un Temple unique, toujours le même, toujours plus riche, toujours plus accompli ; un Temple unique qui soit le fruit du travail séculaire de tous les Francs-maçons du monde, passés, présents et à venir.
4- Fraternité.
La Fraternité n'est ni l'amitié, ni la camaraderie, ni le copinage. On est Frères lorsqu'on a même père et même mère. Tous les Francs-maçons réguliers du monde entier sont Frères, par delà les siècles, parce qu'ils ont le même Père : le Grand Architecte de l'Univers et la même Mère : la Régularité maçonnique, parce qu'ils ont bu le même lait à la même mamelle rituelle et initiatique, parce qu'ils ont reçu le même enseignement spirituel, parce qu'il ont prêté le même serment sur le Bible. Et parce qu'ils sont Frères, parmi eux, règne la concorde et la confiance, la connivence et la joie. Un dernier mot sur la notion de Fraternité : les Loges régulières n'admettent pas la mixité de sexes ou des genres en leur sein. Il existe des Loges masculines comme il existe des Loges féminines. Il n'existe pas de Loges mixtes. Pourquoi ? Tout simplement parce que l'humain n'est qu'humain, trop humain, et que les relations de Fraternité sont radicalement incompatibles aves des relations de séduction. Il n'y a aucune autre raison.
5- Loge.
Toute Loge est une cellule vivante, à la fois lieu fermé et communauté spirituelle. La Loge, en tant que cellule vivante, est une petite composante locale d'un organisme plus grand : la Franc-maçonnerie régulière mondiale. Elle est aussi un microcosme où se développe une alchimie spirituelle et initiatique qu'il est impossible d'expliciter (c'est cela le secret maçonnique, et rien d'autre). La Loge est un athanor où le plomb de la profanité se transforme en l'or de la sacralité.
6- Rite.
Contrairement à ce que l'on dit souvent dans des cénacles qui parlent de Franc-maçonnerie, sans rien y connaître, le travail maçonnique est purement rituel. Il ne s'agit pas de transformer la Loge en la énième université du troisième âge, en la énième école de formation, en la énième chambre idéologique, en l'énième groupuscule militant, en l'énième café du commerce. Tout cela est radicalement étranger à la Franc-maçonnerie. La Loge est là pour perpétuer les rites qui est la seule nourriture spirituelle du Franc-maçon. S'il fallait définir un rituel, il faudrait insister sur deux caractéristiques majeures : la première est qu'un rituel met en œuvre ou en scène un ensemble de symboles qui se mettent à y vivre et à s'y répondre les uns aux autres ; la seconde est qu'un rituel raconte un histoire que l'on vit et, en la vivant, on l'incarne et on se l'incorpore comme signifiant pur cherchant un signifié non encore dévoilé. Un rite se vit ; il ne se lit pas, il ne se dit pas. Et une fois qu'il a été vécu, alors, et alors seulement, il devient nourriture spirituelle.
7- Symbole.
Tout est symbole, certes, puisque tout est là, en demande de signification, d'interprétation, de formulation. Mais, puisque le rite met des symboles en œuvre et que les rites se transmettent avec continuité et intégrité, il faut accepter que, si tout peut être regardé comme symbole, certains sont plus symboliques que d'autres. La définition est connue : un symbole est un signifiant sans signifié. Soit. Mais un symbole ne devient signifiant que dans un contexte global cohérent (le rite maçonnique, écossais ou autre) et que dans une mise en œuvre en relation avec d'autres symboles. Le Compas est certes un symbole, mais détaché du contexte maçonnique et hors rituel initiatique, il ne signifie rien de particulier et peut, donc, signifier n'importe quoi (c'est là que commence le ridicule d'un "dictionnaire des symboles", lorsqu'on y isole un symbole de son contexte traditionnel et spirituel).
8- Initiation.
En Franc-maçonnerie (et on peut le regretter, à certains égards), le mot "initiation" prend deux sens assez différents. Il y a l'initiation-cérémonie et l'initiation-cheminement. L'un ne va pas sans l'autre, certes. Le cheminement est jalonné par des cérémonies initiatiques, c'est incontestable. Mais le cheminement initiatique ne se réduit pas aux seules cérémonies d'initiation. Comme toujours, il est dommage de confondre le plat de nourriture et l'acte de se nourrir. On n'est pas initié parce que l'on a vécu la cérémonie ; on devient initié en digérant le contenu de cette cérémonie. Et qu'y a-t-il au bout du chemin initiatique ? Existe-t-il un ou des Initiés parfaits, accomplis ? Sans doute. Mais la question me paraît oiseuse ; je préfèrerais une paraphrase de ceci : la Joie n'est pas au bout du chemin, la Joie est le cheminement. Pour l'initiation, il en va de même.
9- Secret.
Que n'a-t-on écrit comme stupidités sur le "secret maçonnique" ? Comme esquissé plus haut, le seul vrai secret maçonnique n'est autre que ce vécu spirituel et initiatique intérieur qui illumine l'âme d et la vie du Franc-maçon authentique. Ce vécu, par essence, se vit et ne se dit pas. Il est plus que secret par son intimité, il est indicible dans sa réalité. Être initié est aussi indescriptible qu'être amoureux. Cela dit, l'histoire de la Franc-maçonnerie est truffée de secrets artificiels (mais parfois vitaux) dont le but unique est de protéger l'existence de chaque Franc-maçon contre les malveillances d'un monde souvent méchant qui, depuis toujours, prend en haine ce qu'il ne comprend pas. Le Franc-maçon - comme le Juif que je suis aussi -, parce qu'il est différent, parce qu'il est élitaire, parce qu'il vise haut, se désigne lui-même en bouc émissaire de la médiocrité humaine. Et cette médiocrité est méchante et cruelle : on l'a vu aux heures sombres des totalitarismes de gauche comme de droite
10- Tradition.
La Tradition est vivante. Elle n'est pas un folklore figé qui perpétuerait, sans les comprendre, des comptines de veillée paysanne. La Tradition est ce simple fait de prendre acte des généalogies de toute chose. Rien ne sort du néant. Tout a des racines. Tout se construit comme un mur : couche après couche, par accumulation mémorielle. La Tradition maçonnique est un arbre majestueux, millénaires. Elle a de profondes racines puisant à toutes les sources spirituelles et artisanales de l'art de construire des Temples. Elle possède un tronc unique qui est la Régularité reconnue des toutes ses Loges de par le monde. Elle a ses branches faitières que sont les grands rites écossais, anglais, français et autres. Elle a ses rameaux, un par grade, sans doute. Et elle a ses bourgeons qui éclosent avec le temps pour donner fleurs et fruits.
11- Bible.
Que n'a-t-on gloser sur la présence indispensable de la Bible en Loge, surtout dans cette France obnubilée de laïcisme ? Que de bêtises ont été dites ! La Bible est l'une des trois grandes Lumières avec l'Equerre et le Compas. Ces trois symboles sont indissociables. Ils sont ouverts et posés sur l'Autel, à l'Orient de toute Loge, entre le Vénérable Maître et le Tapis de la Loge. On y prête tous les serments, on y rend tous les hommages. Mais pourquoi la Bible ? Tout simplement parce que toutes les légendes dont use la Franc-maçonnerie dans ses rites, enfoncent leurs racines dans la chair de ce Volume de la Loi Sacrée. A commencer par les récits concernant le Temple de Jérusalem désiré par David, commandité par Salomon et construit sous la direction d'Hiram, l'Architecte, Maître en ouvrages de bronze. Il faut que cessent ces éternelles péroraisons d'un autre siècle (l'anticléricalisme obtus du 19ème siècle) sur la "vérité révélée" ; on l'a vu, il n'existe pas de vérité et si elle se révèle à quelqu'un c'est dans son âme et non dans un livre, fut-il LE Livre. La Franc-maçonnerie ne fait pas œuvre de théologie rationnelle (ni d'idéologie politique, encore moins), mais d'initiation spirituelle. Il faut le rappeler sans cesse.
12- Tablier.
Avec le Maillet et l'Epée, le Tablier est un objet constamment présent et visible dans toutes les Loges, à presque tous les grades. A l'origine, les tailleurs de pierre portaient un vaste tablier de cuir dont ils relevaient la bavette jusqu'au cou, afin de se protéger le corps des éclats de pierre que leur ciseau faisait voler violemment. La Tradition s'en est gardée. Un Franc-maçon, en Loge, porte un Tablier de peau. Chaque grade a le sien, brodé ou peint, orné de symboles souvent très beaux. La Tablier rappelle donc la protection que l'on se doit à soi et que l'on doit aux autres. Protection contre les éclats de la vie, contre les méchancetés du monde profane et des guerres qui s'y déroulent, souvent en silence, presqu'imperceptiblement.
13- Noblesse.
Oui, la Franc-maçonnerie est élitaire et fonctionne exclusivement par cooptation. Elle n'est en rien démocratique pour la bonne et simple raison qu'elle n'en a pas besoin. Il faut arrêter de se cacher derrière son petit doigt au prétexte des "idéaux" des soi-disant Lumières. Non, les hommes ne sont pas égaux entre eux. D'abord parce que tout ce qui existe étant unique et différent de tout le reste, rien n'est l'égal de rien ni égal à rien. Ensuite, parce que parmi les hommes, la loi des grands nombres et les lois statistiques jouent à plein, notamment la loi de Pareto qui dit ce simple fait d'expérience : 80% de la qualité humaine se concentrent dans 20% des humains. Ce sont ces vingt pourcents que l'on veut voir entrer en Maçonnerie ; pas les autres. C'est le prix à payer pour que la Franc-maçonnerie puisse mener sa mission et entretenir, au plus haut, l'esprit de Noblesse. La Franc-maçonnerie doit être une aristocratie spirituelle et éthique : c'est sa vocation, c'est sa nature, c'est sa volonté.
Mais au-delà de ce bel ensemble de critères d'acceptabilité d'un candidat profane et d'obligations qu'il consentirait à prendre et à respecter scrupuleusement, rien, jusqu'ici, ne répond à la question préliminaire : pourquoi vouloir devenir Franc-maçon ?
Parlons d'abord de ce que la Franc-maçonnerie n'est pas ?
Elle n'est pas une "école" où l'on enseignerait la "Vérité" ou la "Connaissance" tenues secrètes, loin des oreilles indiscrètes et indignes de leur contenu.
Elle n'est pas non plus un club d'entraide et de copinage, de passe-droit ou de tremplin pour personnes convenablement choisies (quoique cette thèse aussi absurde que répugnante soit au centre de cette boue infâme colportée par des ignares sous le nom de "complot judéo-maçonnique").
Elle n'est pas un "prétexte à sortie" pour bourgeois en quête de bonne chère et de franche camaraderie, dans un endroit où l'on n'entendrait "ni chien aboyer, ni coq chanter .... ni femmes caqueter" (comme se plaisaient à le colporter de vieux "rituels" maçonniques ridicules).
Elle n'est surtout pas un "club idéologique" où l'on forgerait des doctrines, où l'on fomenterait des slogans, où l'on concocterait des programmes électoraux, politiques ou syndicaux. Il existe bien des officines de bas étage pour ces tâches démagogiques. La société profane des humains n'est pas du tout un centre d'intérêt pour la Franc-maçonnerie (ce qui n'interdit nullement, à certains Frères – plutôt rares - de faire de la politique sous le drapeau qu'il veut (sauf ceux qui contreviendraient aux principes de Fraternité, d'Ordre et d'Harmonie, et prôneraient la violence, la haine, la torture ou l'une quelconque de ces infâmes ignominies que bien des humains, évidemment inacceptables en Franc-maçonnerie, voudraient réserver à leurs semblables).
Elle n'est pas non plus, comme on le laisse croire dans certains pays gangrénés par une pseudo-maçonnerie (d'origine napoléonienne) militante, anticléricale, laïciste, athéisante, gauchisante, anticléricale, etc ..., elle n'est pas une "contre-religion" qui "bouffe du curé" à tous les repas ; la Franc-maçonnerie authentique et régulière se fiche éperdument des religions instituées qui ne sont que des spiritualités profanisées, populaires et crédules, où les "croyances" et les "miracles" font office, pour ceux qui en sont incapables, d'une Foi authentique ineffable et d'un cheminement initiatique et symbolique vers l'inaccessible Vérité qui est l'Âme de cet univers réel et tangible que les sages grecs appelaient Kosmos, mot signifiant, tout à la fois, Ordre et Harmonie.
Mais dire ce que la Franc-maçonnerie n'est pas, n'est dire ce qu'elle est !
La Franc-maçonnerie est un monde sacralisé, en quête d'Ordre et d'Harmonie, où la Foi se débarrasse de toutes les croyances (qui sont autant d'esclavages de l'âme) afin de dénuder et de libérer cette âme (au sens étymologique latin de anima : "ce qui anime de l'intérieur, ce qui donne sens et valeur à l'existence et à la Vie") afin qu'elle trace son chemin à elle vers l'accomplissement de l'Alliance, vers ce que les Francs-maçons appellent la reconstruction du Temple de la Gloire du Grand Architecte de l'Univers (dont la Tente de la rencontre de Moïse et dont le Temple de Jérusalem voulu par Salomon et conçu par Hiram, ne furent que des esquisses).
La Franc-maçonnerie est le lieu de ressourcement de l'âme où, grâce aux Rites et Symboles, d'une part, et grâce à la Fraternité, d'autre part, elle peut se nourrir afin de construire son accomplissement ou, plus précisément, l'accomplissement de soi et de l'autour de soi au service de l'Accomplissement de la Vie et de l'Esprit, c'est-à-dire au service de l'Accomplissement du Réel qui est le Tout, qui est l'Un et qui est le Divin.
Un Divin qui est Réel-Tout-Un et qui est ce Grand Architecte qui symbolise l'Intentionnalité, la Substantialité et la Logicité de tout ce qui existe et qui appelle son Accomplissement en Ordre et Harmonie.
Tout Franc-maçon n'est qu'un œuvrier qui travaille dur sur ce chantier de l'accomplissement, avec des outils que la Loge lui propose comme autant de symboles et de gestes symboliques qui doivent l'aider à parfaire son œuvre de vie.
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La vie d'un humain possède trois pôles fondamentaux qui, tous trois, contribuent à donner l'essentiel du sens et de la valeur à l'existence : le pôle familial, le pôle professionnel et le pôle intime (ou spirituel, philosophique, religieux, ... ou appelons cela comme on voudra).
Autrement dit : construire la vie, construire le patrimoine et construire du sens pour tout cela.
Bien sûr, il y a d'autres pôles (loisirs, politiques, sports, copains, fêtes, spectacles, etc ...) mais tout cela est dérisoire et secondaire ... malgré que (et ce fait doit être bien intégré dans tous les processus de candidatures maçonniques) ces ersatz existentiels ont pris la première place dans le chef de beaucoup d'humains au cours de la période chaotique que nous vivons aujourd'hui.
Le "paraître" et le "distraire" ont pris une place démesurée et vénéneuse dans la vie de la plupart de nos contemporains, surtout les plus jeunes (moins de 35 ans).
Le but de la vie n'est plus, pour ceux-là, de construire", mais de "jouer à jouir".
Il faut donc revenir aux basiques et poser à nouveau les cinq questions de fond : qui es-tu vraiment (Essentialité) ? que veux-tu vraiment (Intentionnalité) ? de quoi as-tu vraiment besoin (Substantialité) ? quelle discipline es-tu vraiment prêt à suivre (Logicité) ? que travail et quels efforts es-tu vraiment prêts à faire de toutes tes forces (Constructivité) ?
L'adverbe constamment utilisé dans ces questions, est "vraiment" ; il n'est pas à prendre à la légère ! Il s'agit de scruter des engagements profonds et durables et non des faire-semblants passagers ou mondains.
On le verra, chacun des cinq paragraphes qui suivent, commence par une série de questions directes et franches, parfois féroces. Bien sûr, ces sujets doivent être abordés avec tact et courtoisie, abandonnant toute attitude agressive ou inquisitoriale … Mais gentillesse n’est ni faiblesse, ni lâcheté ! D’où l’usage récurrent de l’adverbe "vraiment" ou de l'adjectif "vrai(e)".
Il ne s’agit pas de jouer au "psy" ; il s'agit, comme durant la réception rituelle, de tendre un miroir pour que le candidat se présente nu devant son seul vrai juge : lui-même.
Celui qui pose les questions, n'est pas ce juge, n'est pas un juge ; il n'est que le "révélateur" passif de l'image profonde que chacun a de soi;
Mais il est indispensable de s'assurer de la compatibilité, de la complémentarité et de la fertilité de la rencontre entre le processus collectif de la Loge et le processus personnel du candidat ... Voyons cela plus en détails ...
Qui es-tu vraiment ? Quelle est ta vraie identité, non sur le papier administratif, mais dans le fond de ton âme ? Quelle est ta vraie personnalité, tes vraies peurs, tes vraies angoisses, tes vraies joies, tes vraies bonheurs ?
L'essentialité d'un humain est ce qui constitue sa nature profonde, pour une bonne part innée, mais aussi, pour une part non négligeable, acquise durant sa prime enfance, en contact avec ses parents, son milieu, son décor de vie, ses premières relations à autrui.
Cette nature profonde est constituée de dons et de tares, de talents et de gaucheries, d'une santé forte ou fragile, d'irascibilité ou de résilience, de tranquillité ou de nervosité, etc ...
Rien de tout cela n'est effaçable, mais tout peut être amélioré et développé moyennant efforts, disciplines et volontés. Mais toute sagesse commence par accepter ce que l'on est, comme l'on est et, ensuite, dans un second temps, de se donner une discipline de vie afin de combler les vides et d'araser les négativités.
Au fond, l'essentiel dans la relation à l'autre pour le comprendre et le "connaître", c'est de connaître cette discipline de vie en regard avec ce qu'il croit être sa propre nature profonde.
Son Intentionnalité ...
Que veux-tu vraiment ? Quel sens profond et quelle valeur durable veux-tu donner à ton existence ? Qu'est ce que l'expression "t'accomplir en plénitude" signifie vraiment pour toi ? Quel est ton vrai rêve, ton vrai désir, ta vraie volonté, ta vraie aspiration existentiels ?
L'Intentionnalité d'un humain est probablement sa dimension à la fois la plus cachée et la plus essentielle : connaître quelqu'un, c'est savoir ce qu'il espère pouvoir ou vouloir faire de sa vie, ce qu'il espérerait en tirer et en extraire, ce qu'il souhaiterait laisser derrière lui après sa mort.
Bref : c'est là que l'on découvre quel sens chacun souhaite donner à son existence ; c'est la réponse difficile mais indispensable à tous les "pour quoi ?" : tout ça "pour quoi" faire ? Quelle œuvre est à réaliser en cours d'existence et à offrir au monde au bout du chemin de la vie ?
Le monde est un vaste chantier où tout, de la moindre particule au génie le plus grandiose, participe à la "construction du Temple" de la Matière, de la Vie et de l'Esprit.
Tout tend à son plus parfait accomplissement en plénitude ... au service de l'accomplissement de ce qui le contient, de ce qui le suscite, de ce qui le manifeste, de ce qui l'engendre. Cette notion de l'accomplissement de soi et de l'autour de soi au service de l'accomplissement du Tout-Un que l'on peut aussi appeler le Réel ou le Divin, est cruciale.
Tout ce qui existe n'est que vagues à la surface de l'océan et ne prend sens et valeur que par et dans l'océan qui l'engendre.
Connaître quelqu'un, c'est comprendre sa conception de son propre accomplissement, de ce qui donne sens et valeur à son existence, de sa perception de la contribution qu'il compte fournir à l'accomplissement du monde qui l'accueille.
Sa Substantialité ...
De quoi as-tu vraiment besoin ? Quels sont tes vrais manques ? Quelles sont tes vraies lacunes ? Tes vrais points faibles ? Quel est ton vrai sentiment et ton vrai ressenti par rapport aux autres humains ? Comment résous-tu vraiment le problème universel de l'antagonisme entre ton "autonomie" et tes "solidarités" ? Quelle est la vraie nature des liens qui t'unissent à ceux qui te sont chers ? Quelle place accordes-tu vraiment aux biens matériels ? Es-tu plutôt "frugal" ou plutôt "jouisseur" ? Quelle différence fais-tu vraiment entre la loi civile, la loi divine (ou cosmique) et ta loi personnelle ?
La Substantialité d'un humain exprime l'ensemble des ressources qu'il possède et de celles dont il a besoin pour exister pleinement. Qu'a-t-il à sa disposition et de quoi a-t-il besoin pour pouvoir progresser sur le chemin de son propre accomplissement ?
Et, bien sûr, lorsqu'on parle ici de ressources, on est loin de n'énumérer que les ressources matérielles, somme toute les plus faciles à acquérir ... On parle aussi et surtout des ressources intellectuelles et spirituelles, émotionnelles et affectives, esthétiques et éthiques, gnoséologiques et intuitionnelles, etc ...
"L'homme ne vit pas seulement de pain ", rappelle fort à propos le livre du Deutéronome (8;1-3) ... dont le texte complet dit ceci :
"Tous les préceptes que je vous impose en ce jour, ayez soin de les suivre, afin que vous viviez et deveniez nombreux, quand vous serez entrés en possession de ce pays que YHWH a promis par son serment à vos pères.
Tu te rappelleras de tout le chemin de quarante ans que YHWH de tes dieux t'a fait subir dans le désert afin que de t'éprouver par l'adversité, afin de connaître le fond de ton cœur, si tu resterais fidèle à ses lois ou non. Oui, il t'a fait souffrir et endurer la faim puis il t'a nourri avec cette manne que tu ne connaissais pas et que n'avaient pas connue tes pères ; pour te prouver que l'humain ne vit pas seulement de pain, car l'humain adviendra sur tout précepte de la bouche de YHWH."
Atteindre la Terre de la Promesse ; triompher des épreuves ; connaître le fond de son cœur ; oser accueillir et recueillir la manne céleste inconnue ; advenir la parole-même qui sourd du Divin.
Sa Logicité ...
Quelles sont les règles de vie que tu acceptes vraiment ou, mieux, que tu veux vraiment adopter durablement pour conduire ton existence ? Quelle est ton éthique vraie face à la vie, la société, les autres, tes proches, ceux que tu aimes et ceux que tu n’aimes pas ? Crois-tu vraiment en la morale ambiante et en la moralité des gens qui t’entourent ? Quelle est la bonne méthode pour résoudre un vrai problème de vie ? Crois-tu vraiment au hasard ? Te soumets-tu de bonne grâce aux lois de la vie comme la mort, la maladie, la souffrance, … ?
La Logicité d'un humain regroupe l'ensemble des règles de vie, conscientes ou inconscientes, construites ou reçues, acceptées ou endurées, appliquées ou omises, ... qui scandent les paroles et les actes de la vie, tant intérieure qu'extérieure.
Ces règles peuvent être des normes que l'on respecte ou transgresse.
Elles peuvent être des méthodes que l'on applique ou élude.
Elles peuvent être des préceptes que l'on adopte avec courage et volonté, ou que l'on transgresse avec lâcheté ou hypocrisie.
Le livre du Deutéronome (30;14-16) résume bien la situation en parlant de cette "loi de la vie" :
"C'est une chose, au contraire, qui est tout près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique.
Vois, je mets aujourd'hui devant toi la vie et le bien, la mort et le mal.
Car je te prescris aujourd'hui d'aimer l'Eternel, ton Dieu, de marcher dans ses voies, et d'observer ses commandements, ses lois et ses ordonnances, afin que tu vives et que tu multiplies, et que l'Eternel, ton Dieu, te bénisse dans le pays dont tu vas entrer en possession ..."
Le texte biblique fait "descendre" les préceptes du Divin vers l'humain ; mais il est tout aussi loisible (car, au fond, cela revient au même), de penser que les préceptes de vie "montent" de l'humain vers le Divin et s'élèvent ainsi que les deux Colonnes d'airain de l'entrée du Temple de Salomon.
Ces préceptes sont ceux de la Vie qui s'engendre, se propage, se transmet ; ils sont ceux, aussi de l'Esprit qui se construit afin d'établir une Alliance entre le soi et le Tout, afin d'assurer une solide cohérence entre cette vie intérieure qui anime l'être (son "âme" étymologiquement), et cette Vie cosmique dont elle émerge afin qu'elle serve sur le chantier des mondes de la Matière, de la Vie et de l'Esprit.
Sa Constructivité ...
Que fais-tu vraiment de ton temps de vie ? Que construis-tu de vraiment durable ? Es-tu content et fier de tes vraies œuvres ? Que te reste-t-il vraiment à construire si tu veux accomplir ta vraie vie ? Quelle part de ta vie consacres-tu à des activités qui ne servent à rien ou qui ne produisent rien d’utile, ni pour toi, ni pour tes proches, ni pour le monde ? Si l’on t’apprenait que tu devais mourir demain, que ferais-tu vraiment de toute urgence ? Que penses-tu vraiment de ce que tu as déjà accompli ou construit ou produit ? Si tout pouvait être revécu, que ferais-tu vraiment de ta nouvelle vie ?
La Constructivité d'un humain revient à comprendre à quoi il consacre l'essentiel de son temps et de son énergie, à comprendre quelles sont ses priorités de vie, quel est le cœur de son chantier personnel au sein du chantier du monde qui se construit en lui et autour de lui, par lui et par les autres, pour lui et pour les autres ...
Tout humain a une capacité de travail limitée et n'a que vingt-quatre heures par jours dont il faut ôter les heures consacrées aux "activités de survie de base" (dormir, boire, manger, aimer, rencontrer, échanger, veiller à sa santé physique morale, intellectuelle et spirituelle, ...).
Il est un concept qui devient central dans le monde qui vient : celui de frugalité ! Faire convenablement, en temps et en heure, avec le plus de virtuosité et d'efficacité possibles, le nécessaire vraiment nécessaire ... et éliminer tout le superflu quelque plaisir hédoniste puisse-t-on y trouver.
Oui, il s'agit bien d'une forme joyeuse d'ascétisme car la Joie (au contraire du plaisir qui se prend et du bonheur qui se reçoit), se construit en accomplissant bellement ce qu'il y est réellement indispensable d'accomplir, ici et maintenant.
Cet ascétisme joyeux – avec l'abandon qu'il suppose de toutes les superfluités qui consomment, en pure perte, temps et énergie – s'appelle aussi "eudémonisme". Construire sa Joie de vivre par l'accomplissement de soi et de l'autour de soi au service de l'accomplissement du Réel-Tout-Un-Divin.
Il faut avoir le courage d'abandonner tout ce qui est inutile et vain, aussi jouissif soit-il.
"Vanité des vanités, vanité des vanités, tout est vanité" hurlait le Qohélèt (l'Ecclésiaste, en français – Eccl.:1;2-3) :
"Vapeur des vapeurs, disait Qohélèt, vapeur des vapeurs, le tout est vapeur.
Que profitera à l'humain de toute sa peine qu'il peinera sous le soleil ?"
Tout ce qui n'est pas utile à la construction du Temple de sa vie (tant intérieure qu'extérieure, tant spirituelle qu'intellectuelle, tant affective que collective), doit être écarté. Perte de temps et d'énergie. Gaspillage ! Et les temps de pénurie sont arrivés !