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Mardi 25 novembre 2025

L'humain a la mémoire historique très courte. L'Etat d'Israël a été créé par l'ONU en réponse à la Shoah, en s'appuyant sur le mouvement sioniste ashkénaze (fondé par Theodor Herzl) qui, à l'époque, était essentiellement russe, socialiste et athée (David Ben Gourion, Golda Meir, etc ...).

Du côté sépharade (les descendants des Juifs expulsés d'Espagne en 1492 par l'Inquisition catholique), la plupart s'était installée autour de la Méditerranée (les Turcs interdisant le retour en Judée) et, plus spécialement, dans les pays musulmans d'Afrique du Nord où ils n'avaient plus à subir la pression de l'Inquisition catholique (ou en Grèce ou en Turquie pour les mêmes raisons).Une petite minorité de sépharades – dont ma famille – s'installa à Amsterdam (c'est notre cas), à Londres, à Bordeaux ou osa franchir l'océan jusqu'aux Amériques alors fraichement découvertes.

L'arrivée des sépharades en Israël coïncide avec le montée des mouvements de décolonisation et de radicalisation religieuse des pays musulmans où ils étaient installés. Cette immigration nombreuse en Israël changea totalement le profil culturel du pays pour la bonne raison que les sépharades étaient beaucoup plus religieux que les sionistes.

De là l'antagonisme encore bien visant dans l'Etat d'Israël entre le sionisme politique et le sionisme religieux qui n'ont pas du tout ni le même projet, ni les mêmes valeurs, ni les mêmes pratiques.

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 A partir du "Séphèr Yètzirah" typique de l'école d'Alexandrie, mais écrit on ne sait ni où, ni par qui, ni quand, l'âge d'or de la Kabbale juive, s'étend du 12ème siècle au 14ème siècle, essentiellement dans le sud de la France et le nord de l'Espagne (Abraham de Posquières, Isaac l'Aveugle, Ezra ben Salomon, Moïse de Léon, Abraham Aboulafia, ...).

La Kabbale est un mouvement mystique, souvent panenthéiste, visant à placer l'esprit au-dessus des guerres des dogmes religieux (spécialement incarnés par l'Inquisition espagnole).

Plus tard, la Kabbale se renouvela à l'école de Safed avec Moïse Cordovero et son disciple Isaac Louria (16ème et 17ème siècles) qui tentèrent de réintroduire une forme de dualisme dans la mystique kabbalistique.

Le kabbalisme dépasse alors, tout à la fois, le rationalisme aride de Moïse Maïmonide et le talmudisme dogmatique de Shiméon bar Yo'haï.

Au 18ème siècle, le kabbalisme vira au mysticisme populaire avec le hassidisme du Baal Shem Tov qui, cependant, régénéra une kabbale panenthéiste (Moshé Haïm Luzzato), scellant ainsi le divorce entre kabbalisme (hassidisme) et talmudisme (mitnagisme).

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 Haïm de Volozin insiste sur trois points, remarque Bernard-Henri Lévy :

"Un : Dieu a créé le monde.

Deux : une fois la création achevée, il s'en est retiré.

Trois : pour que le monde ne s'effondre pas comme un château de sable et qu'il ne se dé-crée pas, il faut que, par leur prière et leur étude, les hommes en soutiennent infatigablement les murailles fragiles.

Le monde est menacé de se défaire et seuls les hommes peuvent empêcher ce processus de dé-création."

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 De Wikipédia (article "Kabbale") :

"Spinoza « pousse à l’extrême » la Kabbale des Hébreux, selon Leibniz. Dans la même perspective, Marc Halévy suppose que « Spinoza traduit, dans les termes de la métaphysique moderne, la vieille intuition secrète de la Kabbale ancienne : Dieu est le tout de ce qui existe (panthéisme), tout ce qui existe est en Dieu (panenthéisme) ; Dieu contient le monde et le monde manifeste Dieu ; Dieu est immanent et impersonnel (immanentisme) ; le monde n'est pas créé par Dieu, mais il émane de Dieu.»."

Citation extraite de "Citations de Spinoza expliquées" (Eyroles – 2013) ...

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 Le fait que la Vérité soit définitivement hors d'atteinte pour l'esprit humain, ne signifie nullement que celui-ci ne puisse apprendre tout ce qui est radicalement faux.

Le chemin de la Vérité se mène à reculons, par éliminations successives.

La discussion intellectuelle ne vise pas à reconnaître ce qui est vrai dans les propos de l'autre, mais à y déceler ce qui y est indiscutablement faux (une pomme se détachant de l'arbre ne montera pas spontanément vers les cieux) ou potentiellement faux (la probabilité que telle assertion soit fausse ou néfaste, est très élevée, mais reste discutable).

Donc, on discute du faux et pas du vrai.

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 Le probablement vrai et le durablement utile convergent bien souvent.

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 L'incertitude très générale qui imbibe la vie et la pensée humaines, ne doit pas être déprimante ; tout au contraire, elle est une force qui nourrit une intention essentielle : celle de progresser sur le chemin de l'Alliance, c'est-à-dire sur la voie de la Connaissance et de la Reconnaissance du Tout-Un qui porte et régit le monde.

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 Le premier Zénon de Kition, fondateur du stoïcisme, postule l'existence universelle d'une Logicité cosmique (le Logos, le principe fondamental et essentiel, intemporel de la Cohérence du Tout-Un) qui gouverne tout et à laquelle doit se soumettre la Logicité humaine (la connaissance, l'intelligence, la logique, l'intuition, ...). C'est cette soumission qui fonde la Vertu, comme rectitude et sagesse de vie ! Cette soumission est le fondement de l'Alliance-même.

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 Il est curieux et angoissant de constater comment les idéologies de la Modernité (égalitarisme, démocratisme, collectivisme, mercantilisme, égocentrisme, étatisme, bureaucratisme, hédonisme, ...) sont des combats perdus d'avance contre la Logicité cosmique et les Lois de la Nature dont l'humain, qu'il l'accepte ou non, est partie intégrante et prenante.

La première des vertus stoïciennes vitales est l'autonomie qui a, notamment, pour conséquences la frugalité, le respect réciproque, l'ataraxie, le courage, l'effort, l'intention, le sens, l'accomplissement, la joie, etc ... !

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 Que s'est-il donc passé à Alexandrie au 3ème siècle de l'ère vulgaire au sein de ce bouillon culturel que fut le gnosticisme ? Là naissent, quasi simultanément, le kabbalisme juif (contre le talmudisme naissant), le néoplatonisme gréco-latin (contre le pragmatisme éclectique romain) et le johannisme chrétien (contre le paulinisme dualiste) : trois panenthéismes, trois monismes spiritualistes et mystiques.

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 D'Hugo Petit :

"Les philosophes antiques nous offrent des réponses variées mais complémentaires. Ils nous enseignent que le bonheur ne réside pas dans les possessions matérielles ou les honneurs, mais dans la qualité de notre esprit et de nos relations."

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 De Rabbi Joshua Dubrawsky :

"(...) chaque portion de temps possède nécessairement une dose élevée d'Intention Divine, une finalité à réaliser, et un génie particulier."

Et du même :

         "Chaque Juif est un univers en soi ; allez donc peser des univers !"

La notion même d'égalité entre les humains est absurde puisque chacun est un monde entier unique et différent de tous les autres. Mais la différence n'exclut pas la fraternité et implique la complémentarité.

En ce sens ...

Plein de 'Héssèd (Bonté), le 'Hassid (le Généreux) pratique la 'Hassidout (la Bienveillance).

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 De rabbi Schneerson :

"(...) chaque Juif, sans considération du temps ou du lieu où il se trouve, ni de son statut personnel (...), a la capacité (et par conséquent le devoir) de s'élever et d'atteindre le plus haut degré d'accomplissement, ainsi que de poursuivre le même but pour la Création dans son ensemble."

Et pas seulement chaque Juif : chaque humain digne de ce nom !

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